Elle ne nous l’a jamais dit.
Même plusieurs années après sa guérison. Même au plus fort de la maladie, quand la fatigue était intense et le moral certainement en berne.
Je ne sais même plus comment nous avons fini par l’apprendre. Des signes, des doutes certainement. Jamais elle n’a prononcé la phrase fatidique : « j’ai un cancer du sein ».
Et pourtant, nous avons compris.
Elle était différente. Moins gaie, plus renfermée, pas vraiment l’envie de voir d’autres personnes. La silhouette qui se modifie doucement, puis brusquement. Le corps qui subit l’outrage des traitements. L’âme qui traverse un tunnel dont elle ne sait si elle pourra un jour ressortir.
Elle ne nous l’a jamais dit.
Heureusement, elle a guéri. Grâce aux traitements, grâce à la chirurgie. Nous ne saurons jamais rien de son parcours, mais nous devinons les séquelles. Je la regarde d’un autre œil, bienveillant, soulagé et en même temps interrogateur.
Pourquoi ne nous l’a-t-elle jamais dit ? Pudeur, certainement. Une envie profonde de ne pas déranger, de ne pas se faire plaindre, je le crois. S’est-elle senti terriblement seule pendant cette épreuve ou au contraire, est-elle fière de nous en avoir épargné la douleur ? Je n’oserai jamais lui demander. Je crois qu’elle ne nous le dira jamais.
Certains n’ont pas compris son silence, je peux l’entendre. Ils s’en sont étonnés, offusqués même parfois. Pour ma part, non. Car je ne sais pas quelle serait mon attitude dans la même situation. Je serais bien du genre à n’en rien dire… Alors, jamais je ne me permettrais de juger ce choix qu’elle a fait de garder sa maladie pour elle. Et peu importe l’interprétation psy qui pourrait être faite !
Elle ne nous l’a jamais dit
Mais aujourd’hui, c’est fini. Pour moi, c’est ça qui compte. D’autres autour de moi ont parlé de leur maladie. Je respecte tout autant ce choix qui nous a permis de les entourer, de les aider si besoin, d’être là tout simplement.
Alors, Mesdames, que vous en parliez ou pas après, là n’est pas la question. Pensez simplement à vous faire dépister…
Valérie Sady
11 juillet 2014Savoir, c’est terrible, je ne suis plus une petite fille, je suis mamie, elle n’est plus toute jeune et est « fatiguée d’une vie sans un jour de bonheur » dit-elle ! On vient de lui diagnostiquer une tumeur au cerveau !
Savoir, c’est terrible, je ne sais pas si je pourrais le dire à mes enfants si ça m’arrivait
Morgane
15 juillet 2014C’est vrai Valérie, savoir c’est terrible. Ne pas savoir le devient lorsqu’on sait plus tard. Paradoxe… Bref, pas vraiment de règle toute faite. Certains seront plus forts en disant, d’autres en taisant. Certains en sachant, d’autres en ignorant.
abdelhamid
12 juillet 2014le cancer est en soi une maladie dévastatrice mais celui du sein à cette particularité de s’attaquer ce qui fait la femme. Ce cancer a emporté la mère dune amie alors je ne rajouterai rien de plus que le dépistage.
Morgane
15 juillet 2014Merci Abdelhamid, tu as parfaitement raison. Et Messieurs, pensez à vos maladies spécifiques, et donc dépistage également !
borie
28 juillet 2015Difficile sujet que celui-ci. Deux remarques : pour ma part, je crois que je ne pourrais pas ne pas le dire, je ne m’imagine pas seule devant ce combat, mon envie de soutien dépasserait sans doute mon envie d’épargner l’inquiétude à mes proches…
Par ailleurs, le dépistage systématique est sans doute salvateur dans de nombreux cas, mais des études ont également prouvé que dans d’autres, des traitements et des interventions chirurgicales ont agressé des organismes qui se seraient débarrassés seuls de la tumeur naissante… On se sent bien démuni devant toutes ces infos…
Morgane
28 juillet 2015Comme toi, je pense que je préfèrerais le dire. Comme toi, je nous sens bien démunie devant ce qui touche à la santé, nous nous rêvons immortels, nous ne sommes qu’humains…
Dethyre Patricia
28 juillet 2015Très beau texte, Morgane, empreint d’une grande humilité et sensibilité.
« Dire ou ne pas dire, telle est la question » pour paraphraser un célèbre auteur.
Pour ma part, si j’étais directement concernée, je dirais pour 1/ informer mes proches des risques qui les concernent aussi ; 2/ pour puiser chez eux la force et le soutien dont j’aurais certainement besoin ; 3/ pour ne pas me battre seule ce qui peut être très difficile ; 4/ pour ne pas les inquiéter plus qu’ils n’est besoin… et enfin, parce que j’ai confiance en la science.
Vu de l’autre côté, je voudrais savoir car connaissant un peu le milieu médical, il me semble être de bon conseil… Depuis l’année dernière, deux de mes proches ont été concernés par le cancer : l’une s’en est sortie (rein), l’autre se bat encore (pancréas) et en plus ils sont mari et femme… J’ai vu de désemparés qu’ils étaient, combien ils sont au fur et à mesure devenus plus combatifs, plus concernés par leurs protocoles de soins, plus exigeants face aux médecins qui les côtoyaient, plus désireux de faire face et de se battre, plus conscients de leurs possibilités de sursis ou de guérison… Grâce à notre soutien (je n’étais pas seule à leurs côtés) ils ont fait et font encore face et profitent avec nous de la vie au jour le jour. Je ne suis sûre de rien, mais il me semble qu’il n’en aurait pas été de même s’ils avaient dû nous cacher la vérité.
Ne vois dans ce commentaire aucun jugement vis-à-vis de la personne concernée. Chacun fait comme il peut, en son âme et conscience. L’important, c’est qu’elle s’en soit sortie et qu’elle puisse continuer à être entourée de votre présence et de votre amour.
Morgane
28 juillet 2015Merci Patricia pour ce beau témoignage, le principal c’est de trouver sa force, qu’elle soit intérieure, extérieure ou les deux…