Renoncer.
Résister.
À l’envie de parler, de réagir, de commenter. Momentanément ou plus longtemps.
Difficile, car frustrant. Mais utile.
Car en ajoutant du temps à sa vie, on se rend compte de la vacuité de nombre d’informations, qu’elles viennent de nous ou des autres. De notre propre variabilité.
On apprend à nuancer, à explorer, à approfondir.
J’ai retrouvé mon côté scientifique. Tester, réfléchir, essayer, recommencer, flâner, écouter… Encore et encore.
Quand la présence se fait rare, elle ne s’efface pas, bien au contraire. Elle s’enrichit, se singularise.
Certes, il y a aussi ce sentiment d’attente et cette lancinante question. Ai-je créé la frustration, l’envie, au risque de trouver l’indifférence. Que se passera-t-il quand je reviendrai ? Un feu d’artifice ou… rien ?
Je n’en sais rien, et c’est très bien. Je n’en sais rien, et ça ne m’empêchera pas de continuer.
À montrer, donner peu, mais bien.
Peu ET bien
Ressentir comme un mélange de besoin personnel et d’envie de découvrir autre chose, de reprendre le temps de faire différemment. Mais aussi, je dois le dire, une forme de rébellion, d’anti-conformisme, de « puisque c’est comme ça, je vais faire le contraire. »
Passer d’une hyper-présence (choisie et appréciée) à une quasi-invisibilité (choisie et appréciée), c’est une expérience passionnante. Pour soi, pour les autres, pour sa boîte, pour comprendre.
Il y a la peur, les peurs
Celle de disparaître. Que le silence amène le silence. Moins de clients, moins d’argent, moins de lecteurs. Et pourtant non –> Gagner plus, travailler moins, vivre tellement mieux {6 ans de business}
Entre juillet et novembre 2016, j’ai fermé presque tous mes comptes sociaux, ne gardant que mon profil Facebook et un compte Twitter. J’y ai limité fortement ma présence publique. J’ai moins écrit sur mon blog, fortement ralenti mes différents projets, supprimé toutes mes statistiques.
Rien, je dis bien rien, n’a changé au niveau de mon business. Mon agenda est incroyablement rempli, merci pour lui :).
Entendons-nous bien. Je suis persuadée que tout le travail que j’ai effectué pendant 6 ans continue son action « malgré moi ». Les graines patiemment semées ne disparaitront pas aussi vite que mes pages FB !
Devenir invisible après avoir construit ma communauté et assumé mon identité, jour après jour, est un véritable choix de communication. Un choix mixant nécessité, curiosité et inspiration.
Un choix qui me permet de mettre à jour une sorte de « mémoire » invisible. L’image de marque diront certains. Présence quantique diront d’autres. J’aime cette idée de ne plus tout apporter sur un plateau, de me laisser trouver, de me laisser trouvée. De reprendre contact personne par personne avec celles et ceux qui m’entourent. Amitiés, relations pros, partenariats, liens particuliers et très spéciaux, éphémères rencontres, peu importe.
Un choix mixant nécessité, curiosité et inspiration, donc
Un choix stratégique ? Oui et non.
::: Oui, pour la curiosité et l’envie de comprendre ce qui se passe quand on fait différemment.
::: Oui, parce que j’ai pu observer les effets positifs d’expériences de ce type et m’en inspirer.
::: Oui, si chercher mon équilibre est stratégique.
::: Non, car c’était une nécessité pour moi, je ne supportais plus les contraintes que je m’étais créées toute seule.
::: Non, car je n’en attends rien en termes de nombres de clients, de CA ou de lancements produits.
::: Non, si chercher mon équilibre est anti-stratégique.
Les peurs ont passé très vite. Parfois, en voyant la communication d’entrepreneurs autour de moi, je me dis « argh, peut-être que je n’aurais pas dû… ». Mais j’oublie aussitôt.
Parfois, oui, c’est vrai, je ressens une pointe de jalousie, d’envie, de « mauvais esprit »… Mais j’oublie aussitôt.
Après la peur, il y a eu la phase d’ajustement
Que faire du temps et de l’énergie ainsi libérés ? Eh oui, moins de posts à préparer, programmer, commenter… Ce temps, je l’ai transformé en « nourrissage artistique ». Lectures, visites d’expos, rencontres improbables, flâneries… Autant de cadeaux d’un luxe inouï.
Que faire de mes élans, de mon flow ? Les brider ? Certes pas ! Les diriger vers un autre outil. Passer du public à l’intime. Laisse infuser et mijoter et réutiliser dans mes éléments de communication intimiste. Mon blog, ma newsletter, des messages très ciblés, les ateliers, les Grimoires…
Devenir (presque) invisible, tester le silence, m’a permis d’analyser ET de ressentir. D’utiliser mon mental ET mon intuition. De jongler avec le rationnel ET l’inexplicable. Pourquoi séparer les 2 ?
D’oser passer de lectures sur les neurosciences à Grey’s anatomy puis à un atelier créatif puis à une après-midi gaufre/thé/papotage puis, puis, puis… Je suis riche de ça et ça ne s’achète pas !
J’m’en fous, j’m’en fous… Je marche seule 🙂
Depuis longtemps, je radote le même discours.
::: Aucun outil n’est indispensable ou totalement inutile.
::: Aucune technique n’est magique ou stupide.
La seule chose qui compte, c’est :
1- De tester
2- D’adapter si besoin, petit à petit
3- D’utiliser si on kiffe et si ça fonctionne
4- D’être patient.e & persévérant.e, mais pas obstiné.e !
5- D’être humble, mais pas modeste
Récemment, je suis tombée sur la vidéo d’une youtubeuse marketeuse. En l’espace de 2 mn, elle a prononcé plusieurs fois : « impossible », « il faut absolument », « la seule possibilité »… à propos d’une stratégie vidéo. Une stratégie vidéo, pas la solution pour régler la faim dans le monde ! Elle m’a perdue.
Silence, simplicité & invisibilité
Stratégie impossible ?
Stratégie de l’impossible ?
Stratégie tout court ?
Si agir selon son instinct et son besoin du moment est stratégique, alors oui, je prends.
Si c’est mettre en place un outil pour obtenir quelque chose, et seulement pour ça, c’est chiant. Oh, ça marchera peut-être, mais à quel prix ?
Quant à l’impossible, ça l’est tant que ça ne l’est plus, donc…
Je vois tant d’entrepreneur.e.s s’épuiser à monter des stratégies marketing complexes, utiliser les outils de la com’ à la mode, les uns après les autres, en essayant de se persuader qu’avec celui-ci, c’est sûr, ça marchera.
J’entends tellement de personnes dire « qu’elles n’ont pas le choix pour réussir, pour ne pas aller droit dans le mur » (quel mur ?).
J’en croise d’autres qui me demandent mon avis. Qui soupirent quand je réponds « et toi, tu en penses quoi ? », comme s’ils ne cherchaient qu’une forme de validation. Comme s’il ne leur manquait que de se faire confiance.
Je rencontre trop de gens qui s’interdisent plein de choses : je ne suis pas légitime, je ne sais pas faire, c’est trop cher, j’ai pas le temps personne ne le fait, tout le monde le fait…
PUTAIN, MERDE ! Arrêtez de regarder les (fesses des) autres et FAITES VOS TRUCS.
Et : oui, j’utilise le mot « truc » délibérément. Outil, idée, astuce, stratégie, inspiration, peu importe.
Fais ce que tu veux, comme tu veux, mais TES trucs à toi.
Et choisir, décider de ne rien faire, c’est aussi agir.
Choisir de se concentrer sur un mode de communication, plutôt que vouloir être partout, c’est tout aussi valable que tester régulièrement de nouveaux outils. Au risque de paraître dispersé.e. On s’en fout de l’avis des autres.
Les dernières élections US l’ont montré une nouvelle fois : personne n’est capable de prévoir l’avenir « rationnellement ». En revanche, si on prend le temps d’écouter, de sentir le vent, d’apporter des modifs, on a la capacité d’avoir un temps d’avance, de toucher « juste », de savoir sans forcément comprendre.
Acceptons. Lâchons prise…
Autorisons le hasard à reprendre sa place et son enthousiasmante puissante. Laissons le champ libre aux signes, aux synchronicités, à l’imprévisible.
Enfin, tu fais comme tu veux ! Perso, j’ai choisi et je m’en porte bien.
Invisible je vais rester encore quelques temps.
Parfois, c’est vrai, je fantasme. Être une auteure « reconnue », lue par des millions de personnes. Devenir source d’inspiration.
Mais je me connais. Je sais le prix à payer et je n’y suis pas prête. J’aime trop l’anonymat et l’indépendance.
Je crois en l’humilité, même si c’est une qualité exigeante. Je suis un colibri, parmi les colibris, les lions flamboyants, les fourmis travailleuses et bien d’autres.
J’ai parfois envie de sortir du lot. Pas celle de dépenser mon temps et mon énergie pour cela.
Et si ? Et si, dans 6 mois, mon business s’effondrait ? Que ferais-je ? Je ne sais pas. Je me débrouillerais, c’est certain. Car à la stratégie (trop guerrière pour moi), je préfère l’art de l’improvisation.
Être prête, trouver de nouvelles solutions, explorer de nouveaux chemins.
Annajo Janisz
28 novembre 2016Tu sors déjà du lot. Depuis longtemps 😉
Que dire de plus sinon « merci » ? Un « MERCI » en majuscules, à la mesure de tout ce que tu nous apportes déjà. Et de tout ce que tu nous apporteras.
Prendre le temps, tester, rester curieux, jouer. C’est ce que j’ai choisi moi aussi.
Au plaisir de te lire à nouveau.
Vincent
29 novembre 2016OUI , et faisons pareil avec la bouffe !!
De la parcimonie à la recherche d’autres gouts, de la rareté à la trouvaille, cessons les block-busters de la table: arrêtons les produits transformés, en préparant un plat pour quelqu’un en particulier , on se prépare soi-même…
Patricia
30 novembre 2016Un article qui rejoint un livre que je lis en ce moment : la force des discrets de Susan Cain.
Ces derniers temps, je ne m’y retrouvais plus au milieu de certaines personnes qui ont besoin de pousser des coups de gueule, de provoquer, d’attiser le feu.
Heureusement qu’elles existent car elles m’ont permis de retrouver ma véritable place, celle de l’ombre, du clair-obscur où de belles choses peuvent aussi se passer.
J’ai aussi choisi de m’éclipser de beaucoup d’endroits soi-disant stratégiques pour revenir à l’essentiel.
Merci pour cet article Morgane 😉
Morgane
30 novembre 2016J’aime beaucoup ce livre Patricia ! Plus je bulle, mieux je me sens. Et ça ne m’empêche pas d’être plus présente aux autres, au contraire 🙂
Morgane
30 novembre 2016Merci Annajo ! Merci à toi de me suivre 🙂 Vive la curiosité, vive le jeu vive nous 😉
Morgane
30 novembre 2016Absolument ! De toute façon artiste et « célébrité », ça n’est pas forcément synonyme, je dirais même plus, plus ça l’est, moins ça me fait kiffer 😉
Morgane
30 novembre 2016AH ben oui, je suis carrément d’accord ! Merci Vincent 🙂