Je tremble de faire cette conférence… Que vont-ils dire sur moi ?
J’ai peur de me faire tatouer… Qu’est-ce qu’on va penser de moi ?
Je n’ose pas publier cet article sur mon blog… Vont-ils aimer ?
J’ai la trouille de mettre du fun dans ma communication… Quelle image aurait-on de moi ?
Ces interrogations, et bien d’autres, nous les avons tous eues et les avons régulièrement.
Nous avons peur.
Peur du regard de l’autre. Une peur parfois tellement intense qu’elle nous empêche d’avancer, d’agir, d’être nous-même.
Mais qu’est-ce qui nous paralyse comme ça ?
Pour vous parler de ma petite personne, sachez que j’ai très peur d’aller vers une personne que je ne connais pas. Il m’est arrivé (et il m’arrive encore), notamment lorsque j’étais adolescente, de ne pas rentrer dans un magasin, de ne pas aborder un garçon qui me plaisait, de ne pas relancer un prospect…
Peur qu’on me trouve idiote, inintéressante, pénible.
Vous voyez le tableau, non ?
En revanche, je suis tout à fait capable et je prends même énormément de plaisir à faire une intervention devant une assemblée d’inconnus. J’ai alors pleinement confiance en moi, le monde m’appartient !
Alors quoi ?
Je ne saurais pas l’expliquer, certainement des choses à aller chercher dans le passé, dans mon histoire. Aujourd’hui, j’ai développé des façons de rentrer en communication qui me conviennent, par l’écrit notamment. Je suis aussi extravertie sur les réseaux sociaux qu’introvertie dans le réel !
Chacun d’entre vous aura sa propre peur, tout aussi irrationnelle, tout aussi incompréhensible par ceux qui ne la partagent pas. Il n’est pas question de la nier, plutôt de l’apprivoiser et de chercher des solutions pour ne pas s’empêcher de vivre.
Terrible regard de l’autre
Terrible… et important. Car si ce regard n’avait pas d’importance, nous serions peut-être capable de faire tout et n’importe quoi. C’est donc un bon garde-fou. Et lorsqu’il est positif, bienveillant, enthousiaste, il apporte une telle force !
Mais lorsqu’il est (ou semble) négatif, hors de question qu’il devienne un mur infranchissable !
Et puis, j’aime à me dire que notre propre regard joue généralement bien son rôle de gendarme : cette fameuse honte que l’on ressent lorsqu’on fait un truc pas bien, même si personne ne nous voit…
Regard de l’autre donc… Ou plutôt pensées de l’autre, jugement de l’autre.
Ce que nous imaginons qu’il se passe en cet autre lorsqu’il nous voit/entend/lit.
« Imaginons ». Voilà bien le mot important : car finalement, dans la majorité des cas, nous n’avons aucune idée de ce que pensent les personnes autour de nous, aussi proches soient-elles !
C’est d’autant plus vrai dans le domaine de l’écriture et du blogging. Les lecteurs étant rarement à côté de nous lorsque nous publions.
Et là, la machine à imaginer le pire se met en route…
::: Si on n’a aucun commentaire ou partage, on se trouve nul et inintéressant.
::: Si on a des commentaires agressifs, on pense avoir tout faux.
::: Si on a des commentaires positifs, on croit que nos amis veulent nous faire plaisir.
Puis on se met à se comparer, à se dénigrer, à douter, à abandonner…
Alors, là, j’ai envie de vous dire : STOP !
Le regard de l’autre n’est que ce que l’on en fait
J’ai l’impression qu’en fait nous « accusons » l’autre de nous juger, car nous sommes notre pire juge. Nous le pensons rempli de négatif à notre égard car nous le sommes nous-même. Le regard de l’autre devient notre propre regard.
Comme lorsque nous voyons chez quelqu’un notre propre défaut et que cela nous fait horreur.
Alors si nous développions un peu, beaucoup, passionnément la bienveillance envers nous-même. Naturellement, nous aurions moins tendance à imaginer le pire chez les autres.
Si nous développions notre tolérance à l’erreur, au « pas forcément parfait », à partir du moment où nous y mettons notre cœur et notre énergie. Naturellement, nous serions plus indulgent envers les autres et envers notre propre personne.
::: Gardons le regard positif et sincère pour nous en nourrir
::: Utilisons le regard négatif et constructif pour nous interroger (je n’ai pas dit douter !)
::: Éliminons le regard toxique
Vaste programme…
Mais je suis certaine qu’il peut nous aider à oser plus et à valoriser notre singularité.
Au moment où j’écris ce billet, passe sur Arte un documentaire sur David Bowie, magnifique illustration de ces principes. Un artiste unique et authentique, qui a su évoluer, s’adapter, sans jamais se renier ni se soumettre « au regard des autres ».
Gwenaelle Carré Guyot
10 avril 2014Tu me fais plaisir Morgane. « Nous sommes notre pire juge », c’est tellement vrai.
Paradoxalement, le regard des inconnus m’est totalement égal. Leurs jugements glissent sur moi. Ce qui me permet de monter sur scène, de faire la folle en pleine rue avec ma fille, d’écrire sur un blog…
En revanche le regard des gens que j’apprécie est difficile à soutenir, par peur de décevoir. Et c’est un long chemin que de prendre confiance en soi suffisament pour ne plus avoir peur.
Trop de gens ont peur d’écrire : « les paroles s’envolent… les écrits restent ». On retrouve cette peur paralysante en entreprise, quand on peine à remplir les tableaux de bord, les compte-rendus de réunion, .. la peur de laisser derrière soi une trace de l’erreur.
Pourtant, se donner le droit à l’erreur, c’est se permettre de réussir. C’est ouvrir la porte à la sérendipité, à la chance ..
Merci d’avoir abordé ce thème.<3 J'ai aimé te lire particulièrement ce matin, comme si c'était mon reflet dans le miroir qui s'était adressé à l'écrivain qui sommeille et qui a peur depuis trop longtemps de se livrer pleinement.
Des bises, ma sorcière bien -aimée.
Morgane
10 avril 2014Plaisant de te faire plaisir ! Je ne sais pas si je suis moins sensible au regard de mes proches, je crois l’avoir dépassé (ou être en train de). Mais quel boulot… Oui, écrire est un risque, un vrai de vrai. Mêler le pro, le perso, voire l’intime en est un aussi… Il est un billet que tu connais que je n’ai pas encore osé publier, par peur du regard. Mais je sens qu’il sera bientôt temps. Quoi qu’il advienne. Bises colibri
Patricia Laager
10 avril 2014Ton message raisonne en moi, t’as pas idée… Le regard des autres, la peur du jugement est un enfermement. Petit à petit, je m’en détache en essayant moi-même le non jugement. J’ai d’abord expérimenté ça au karaté, le professeur nous demandant régulièrement de faire une démonstration devant les autres. Il y a quelques années j’étais complètement flippée à cette idée, j’en étais malade toute la journée rien que de savoir que le soir je devrais vivre (ou plutôt subir !) cette épreuve. Mais au fil des années cette peur s’est envolée. Ce n’est pas la force des habitudes ou le fait d’avoir progressé techniquement qui a changé cet état, c’est le regard que moi je me suis mise à porter sur les autres. J’ai remplacé le jugement par l’établissement d’un lien, d’une connexion forte avec les autres pratiquants, comme si j’étais dans leur corps. Du coup, quand c’est à mon tour de faire une démonstration, je ne me sens plus jugée mais PORTEE par le regard des autres…
Morgane
10 avril 2014Patricia, un enfermement, c’est vrai, nos propres chaînes ! Je suis le même chemin que toi, me libérer peu à peu. Je ris maintenant quand je m’entends dire ou penser : « qu’est-ce qu’on va penser ? ». Et je fonce si j’y crois. No matter what !
Denis Gentile
10 avril 2014Morgane, je vois que la liste des points communs s’allonge !
je suis en train de me faire une réflexion que je soumets à votre jugement ! (ironie)
Si on prend l’habitude de ne pas juger les autres mais de les accueillir comme ils sont et d’accueillir ce qu’ils font en fonction de ce qu’ils sont alors peut-être que nous commencerons à trouver futile le jugement des autres sur nous et notre travail ?
Morgane
10 avril 2014Oui, Denis, ça ne m’étonne pas, ces points communs 🙂
Pour ta réflexion, c’est un vrai grand et beau travail que de réussir de ne plus juger personne. La clé de la sérénité ?
Abdelhamid
10 avril 2014Morgane, la peur est notre allié face à un danger. Concernant la peur que tu décris elle est liée à l’inconnu et elle se tait au fil du temps à travers le processus de généralisation. C’est ce denier qui pendant l’enfance nous fait connaitre et apprivoiser notre environnent, seulement à l’âge adulte ce même environnement change en permanence et le droit à l’erreur et la perfection que tu décris va plus loin. En effet, le DSM 5 en est une illustration parfaite car ce manuel qui répertorie les troubles psychologiques n’admet plus, dans cette dernière version, que l’humain soit triste au delà d’une certaine période. Par exemple , en cas de deuil, il était admis depuis l’antiquité qu’un humain soit triste. Avec ce nouveau manuel , on est considéré comme dépressif au-delà de 15 jours. Ce processus couplé aux conseilleurs donnent ceci : soyez parfaits en toute circonstances. Ma réponse est celle-ci : laissez la perfection au divin, soyez humains et ne reculez pas devant votre reflet car c’est vous !
Morgane
10 avril 2014Abdelhamid, je n’ai pas peur d’écrire que je n’ai pas tout compris 😛 Enfin si, je pense avoir saisi le principal : notre imperfection est humaine. Nous avons le droit d’avoir peur, ça n’est pas forcément grave. C’est ça ?
Lyv
10 avril 2014Merci pour ce billet Morgane. J’ai beaucoup souffert de ce regard des autres, qui freine et paralyse, et je suis contente que tu en parles. J’ai souffert du syndrome de la ‘bonne petite fille’, qui doit tout faire bien. L’idée de faire les choses de travers m’a beaucoup freinée. Mais aujourd’hui, j’essaie de ne plus trop y prêter attention.
D’autant plus que j’ai réalisé que: 1- Souvent, personne ne regarde de toutes façons ! Comme tu le dis, ça vient surtout de nous, et si je peux me le permettre, je reprendrai ta phrase en disant ‘le regard des autres EST notre regard’ 2- le regard des autres est souvent plus bienveillant que l’on ne croit. Au final nos peurs sont rarement matérialisées. Il faut leur donner une chance 🙂 3- Si nous avons peur de l’autre, il a également peur de nous !
PS: Ka Thy, je viens de lire ton commentaire: Ne pleure pas, la vie est belle 😉
Morgane
14 avril 2014Coucou Lyv, le syndrome « bonne petite fille » ça me parle carrément !! On va y arriver, oui, oui, oui 🙂
Lyv
10 avril 2014PPS: Je dis ‘ne pleure pas, la vie est belle :-)’ mais en vrai, on pleure parfois parce que la vie est belle ! Je dis ça en rigolant, mais je suis d’accord avec Morgane, on ne devrait jamais s’interdire de pleurer. Au contraire, c’est une façon d’exprimer de manière très pure nos émotions: on ne les comprend pas toujours, mais le corps les comprend. J’attend ton post Morgane 🙂
Morgane
14 avril 2014Merci Lyv, en cours d’écriture 😉
Morgane
10 avril 2014Hello Magaly, je veux lire ce texte et pourquoi ne pas le publier ? Sur ton blog… ou ailleurs 😉
Morgane
14 avril 2014Quand tu veux, quand tu peux, quand tu le sens, as usual !
Morgane
10 avril 2014Ah Valérie, ça fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule 😉 Moi aussi je passe souvent pour une pétasse hautaine… Enfin moins maintenant, j’ai pris un peu d’assurance et surtout je m’en fiche. Car les belles rencontres se font malgré tout.
Morgane
10 avril 2014Pourquoi « je ne devrais pas » Kathy ? Pleurer est un droit… D’ailleurs j’écrirai un jour à ce sujet
Morgane
10 avril 2014Merci Isabelle ! Sévère, c’est le mot juste…
Drole de Plume
14 avril 2014Mo’, tu m’inspires, ça c’est sûr…
Merci pour ton joli billet 🙂 Du coup, je rebondis et fais comme toi sur mon blog -> http://www.droledeplume.fr/regard-autres/
Morgane
14 avril 2014YES ! J’adore inspirer 🙂
Morgane
14 avril 2014Merci Sybille, se faire des films, ah oui, ça je sais bien faire aussi ! Quant à l’art de la négociation avec soi-même, oui, jolie piste à creuser.
Claudine
16 avril 2014Ah ! Morgane ! C’est si bien dit !
Cette semaine, deux personnes complètement différentes m’ont dit « fais toi confiance » ! Et oui, avoir confiance en soi et ne pas faire de suppositions sur ce que pensent les autres. Car, à moins de leur poser directement la question, on a toutes les chances de se tromper !
Hier, à un rdv pro, le client souriait parfois… Alors, il sourit donc il se moque ou il sourit donc il est content ? Et bien je ne le saurais peut-être jamais, mais pour mon bien je vais arrêter de me poser la question et retenir uniquement que c’est mieux d’avoir fait sourire que l’inverse ! 😉
Belle journée Mo’ !
Morgane
16 avril 2014Moi je dis qu’il a souri car il était charmé, emporté, enrêvé ! (oups, je m’égare) ^_^
Un sourire, ça fait jamais de mal (sauf s’il est carnassier, mais dans ce cas est-ce un sourire ?). Hier dans la rue, je souriais en pensant à ma fille, ça a donné le sourire à une femme qui passait, c’est cool non ?
Claudine
16 avril 2014C’est génial que le sourire soit contagieux ! 🙂
Virginie Chavenon
20 mars 2015Mais qu’est-ce que tu es juste, une fois de plus! Ce que je retiens de tous tes mots, tellement pertinents, tellement justes, c’est « soyons bienveillants avec nous-mêmes ». La base pour être. Tout simplement. Merci Morgane
Morgane
20 mars 2015Oui, c’est essentiel et pourtant nous l’oublions bien facilement ! Merci à toi Virginie (et à tout à l’heure 😉 )