C’est une bien jolie petite fille. Blonde, brune ou rousse.
Ses cheveux sont raides ou bien crépus. Son regard bleu comme un lagon ou noir comme l’ébène. Sa peau laiteuse ou ensoleillée. C’est une bien jolie petite fille qui rigole toute la journée, qui court, qui joue, qui vit.
Elle aime les nœuds dans les cheveux, les robes roses qui tournent et mettre du maquillage comme Maman. Ou alors elle préfère les pantalons, n’est jamais très bien coiffée et se ronge les ongles. Si ça se trouve, ça dépend des jours…
Elle grandit, cette jolie petite fille.
Elle a 16 ans, c’est une jeune fille. Elle en paraît 12, elle en fait 18. Elle est maigre ou bien en chair, elle n’aime ni l’un ni l’autre. Elle désespère d’une poitrine trop petite, elle fait déjà du 95D. Elle aimerait être comme sa meilleure amie ou la nana dans son magazine. Elle est contente d’être comme elle est.
Elle toujours aussi jolie mais elle doute. Elle pleure lorsqu’elle croise ce garçon qui, pour faire rire ses copains, lui lance : « qu’est-ce que t’es moche, toi ! ». Elle rougit en voyant dans le regard des hommes (et de certaines femmes…) ce qu’elle ne sait pas encore être du désir. Elle veut mettre du noir sur ses yeux, du rouge sur ses lèvres ou rien du tout. Elle rêve de jupes mais n’ose pas, elle est tout le temps en jogging ou fashionista.
Elle a peur d’être mise dans une case : celle de l’intello coincée (avec ou sans lunettes), celle de la sportive un peu « mec » ou celle de la bitch qui n’a pas froid aux yeux. Elle n’est aucune d’entre elles, elle est chacune d’entre elles.
Elle ne grandit plus, cette jolie jeune fille mais elle vieillit.
Elle a 30 ans, c’est une jolie femme.
Elle en a marre. Marre qu’on lui dise que pour être belle, elle doit. Se maquiller, mais attention pas trop. Mettre des jupes, mais attention ni trop courtes, ni trop longues. Mettre des talons, mais attention pas trop souvent, ça abîme les pieds. Aller chez le coiffeur mais attention, ne pas être trop extravagante.
Elle veut tout. Être naturelle quand ça lui chante, sophistiquée quand elle en a envie, provocatrice avec qui elle veut. Elle veut surprendre ou être comme d’habitude. Elle ne veut pas « faire d’effort », elle veut juste se faire plaisir. Elle ne veut plus qu’on lui dise qu’une vraie fille aime les sacs, les chaussures, les fringues, les bijoux. Elle ne veut plus qu’on lui dise que si elle aime la mode, les chaussures à paillettes, le maquillage et avoir les ongles très longs, elle doit être bien superficielle.
Alors, elle arrête peu à peu d’écouter les bonnes âmes, les conseils et les copines « qui ne veulent que ton bien ».
Elle plaît aux hommes (et à certaines femmes…). Pas à tous, mais peu importe, elle n’a pas besoin de « tous » les hommes ! Un seul lui suffirait…
Elle a 45 ans, c’est toujours une jolie femme.
Elle a des rides ou pas. Ses cheveux blancs, elle les cache ou les assume. Elle a quelques kilos en trop, sa gourmandise ne l’a jamais quittée. Elle est sportive et musclée. Elle ne sort qu’en robe et talons. Elle est fidèle à ses jeans et ses converses. Elle change tous les jours, selon son humeur. À la mode ou pas du tout.
Elle aime les bijoux, elle n’envisagerait jamais de sortir sans mascara. Elle oublie souvent de se maquiller mais jamais de se parfumer. Elle aime ses sourcils comme ils sont ou les préfère bien travaillés.
Et puis, surtout, elle sait.
Elle sait maintenant que ce qui compte c’est le regard qu’elle porte sur elle-même. Qu’elle veut s’aimer et qu’en s’aimant, elle sera belle.
Elle sait maintenant qu’elle peut choisir chaque jour quelle femme elle veut être, en étant toujours fidèle à elle-même. Qu’elle peut faire des erreurs, who gives a shit ?
Elle sait maintenant que le regard des hommes est moins dur, moins scrutateur que celui des femmes (notamment le sien !). Que ce regard se fiche bien de savoir combien de temps elle a passé dans la salle de bain ce matin. Si elle est au top tendance de la mode ou complètement à la ramasse. Si elle a pris 15 kg ou en a perdu 3. Si elle a mélangé trop de couleurs, si elle est un peu trop accroc aux tatoos, si sa coupe de cheveux la rajeunit ou la vieillit, si, si, si…
Elle sait maintenant que le regard amoureux, qu’il soit masculin ou féminin, voit plus loin que les apparences.
Ce regard qui dit juste : « Tu es belle, je t’aime ».
Un regard comme moi, comme vous, comme nous : de toute beauté.
PS : elle est bien jolie, même quand elle jure comme une charretière, Motherfucker ! Tu veux la voir en photos ?
Morgane
7 mai 2015Le privilège de l’âge, ma belle, le privilège de l’âge…
Pauline de Cha'gribouille
11 mai 2015C’est vrai que plus les années passent mieux je me sens alors vivement dans 20 ans 🙂
Morgane
11 mai 2015Tu verras Pauline, 40 ans c’est pas mal du tout, quoi qu’on en pense !