Il est des maximes qui résonnent fortement en nous et d’autres… qui nous hérissent.
En ce qui me concerne, « Soit on fait bien, soit on ne fait pas » fait partie des secondes. Pourquoi ?
Parce que. Mais pas seulement.
Parce que j’ai le droit de faire, bien,
moyen bien ou mal !
Oui, j’ai envie de me donner ce droit.
Parfois, cela ne porte pas à conséquence.
Un gâteau raté, c’est juste une légère frustration.
Un article mal écrit et bâclé, en général, j’en subis les conséquences rapidement
puisque je dois recommencer.
Vous me direz « cela abîme ton image professionnelle ».
C’est possible.
Mais je m’accorde ce droit, car parfois la fatigue, la lassitude,
un coup de blues nous rendent moins efficaces, moins « bons ».
Et pourtant le travail doit être rendu impérativement.
Je suis souvent surprise de voir que le ressenti de mes clients est souvent beaucoup moins négatif que je ne l’aurais craint ! Une barre certainement placée trop haut…
Parce que cela bride ma créativité
Je n’ai jamais été perfectionniste, j’aime la spontanéité, l’émotion, la création instantanée. Je ne devrais peut-être pas le dire, mais je n’aime pas trop me relire. Je rassure immédiatement mes clients, cela ne concerne que mes propres écrits !
Lorsque je suis en phase de recherche d’une marque, d’une signature, d’une ligne éditoriale, tout est possible (tout est imaginable). Tout est bien, je ne veux me mettre aucune limite. Cela permet d’explorer des territoires différents, d’élargir le champ pour mes clients, d’être totalement dans mon rôle : élargir l’horizon pour faire naître ces mots qui sont déjà en eux…
D’ailleurs, j’ai pu remarquer que la petite fôte égarée, la minuscule erreur, l’imprécision oubliée, le lapsus révélateur sont souvent source de réactions amusées, d’échanges passionnés et passionnants, d’inspiration sans fin. Sans oublier de nombreuses grandes découvertes scientifiques… Alors vive l’imperfection !
Parce que c’est « celui qui fait qui a raison »
La critique est toujours facile mais que savons-nous des difficultés (ou pas) de la personne ? L’écriture m’est simple et naturelle. Cela me donne-t-il le droit de critiquer ceux pour qui c’est un exercice compliqué, voire créateur de souffrances ? Cela doit-il les empêcher de s’y essayer s’il le souhaite ? Je ne le crois pas. Faire mal et en souffrir, cela peut être l’occasion de demander de l’aide. Faire mal et s’en contenter, est-ce vraiment si grave ?
Parce que c’est l’antithèse de l’apprentissage
A part un génie, qui peut prétendre réussir quelque chose parfaitement du premier coup ? Pas moi, en tout cas. Quand mon fils trace ses premières lettres maladroites, je refuse de l’en empêcher au prétexte que si ce n’est pas bien fait, ce n’est pas la peine de le faire. Il fait, refait, se trompe, écoute les explications, demande un modèle, recommence et peu à peu y arrive. Tout adultes que nous sommes, comment croire que nous pouvons nous passer de cette phase essentielle ?
Alors vous me direz : ce qui compte, c’est de faire avec son cœur (dixit Martine B. !). Je suis d’accord. Simplement, il y a aussi beaucoup de choses que l’on doit faire et pour lesquelles le cœur ne suffit pas (comme la compta de Laurence G.)
Parce que mon « bien » n’est pas ton « bien » ou celui de la voisine d’en face
Je vous raconte une anecdote ? Chez nous, c’est Monsieur qui « range » la vaisselle dans le lave-vaisselle. Parce que j’en ai marre de me faire critiquer sur ma façon de faire et qu’il repasse derrière moi. Ainsi, j’économise temps et énergie. Mais parfois, juste par plaisir sadique, c’est moi qui range et lance la machine. Et là, incroyable, aussi mal rangée soit-elle (selon les critères de chéri d’amour !), la vaisselle est tout aussi bien lavée. La preuve ? il n’y voit que du feu… (Pardon chéri !).
Parce que cela ne me ressemble pas
Il y a toujours quelque chose de travers chez moi : la coiffure (quelle coiffure ?), le maquillage (quel maquillage ?), les mélanges de couleurs de mes vêtements (dédicace à Maman)… Je ne continue pas, la liste est sans fin. Et alors ? Depuis la fin de l’adolescence, je le vis plutôt sereinement, je suis ainsi. Cela ne m’a jamais rendue plus malheureuse, au contraire j’y trouve une certaine liberté. Du coup, cela me laisse encore beaucoup de choses à apprendre et c’est plutôt pas mal !
Parce que je connais quand même mes limites !
Comme Sylvie C. me le confiait, on détecte derrière « ne pas faire », une peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur. Il est vrai que je m’octroie le droit de faire dans les domaines que je maîtrise à peu près bien. Après, au niveau professionnel, ce n’est pas la même histoire : inutile de me demander une photo, un logo, un site web. Je ne sais pas faire (à titre professionnel) ! En revanche, ce que je sais faire, c’est vous recommander des pros qui savent.
Du coup, c’est certainement le seul domaine où cette maxime prend du sens (pour moi) : quitte à faire faire des cartes de visite (un site, une formation… remplacez par ce que vous voudrez), autant le faire bien. Tout comme mes clients, j’en suis certaine, se disent « quitte à avoir des textes, autant qu’ils soient bien écrits » !
Parce que faire, même mal, c’est parfois mieux que ne rien faire.
Mais… mais… je le concède, parfois aussi, mieux vaut ne rien faire que de faire mal ! Tout est donc question de circonstances et d’intention ! Disons que dans ce cas, je ferai confiance à mon intuition.
Bref.
Tout est relatif, comme dirait notre pote E. Et je trouve que c’est aussi une question de confiance et d’ouverture d’esprit. Accepter que les choses soient faites différemment, accepter un résultat tout aussi différent, cela évite l’uniformisation et la frustration.
Pascaline
24 mars 2014Super article (je savoure le blog petit à petit, c’est un régal) !
Il y a aussi les fois où, décidant de s’y mettre vite fait, on a l’impression de mal faire, mais au fond, à vouloir aller vite, on va à l’essentiel… Au final, on a bien fait. Ne préjugeons pas des bienfaits du vite fait ! 😉
Morgane
26 mars 2014Merci Pascaline, je suis honorée ! Oui, je suis en plein dedans, à force d’attendre que ce soit super, je ne vais rien faire. Alors, mettons nous à l’ouvrage, si c’est pas terrible, il sera toujours temps d’améliorer (ou pas) 😉
Denis Gentile
7 avril 2014ne pas faire c’est comme ne pas savoir, avant de savoir je ne sais pas, avant de faire je ne fais pas et donc je ne sais pas comment faire ! Tu me suis Morgane ?? C’est pas grave, alors voici le lien vers mon article qui je trouve pourrait bien figurer dans les commentaires de ton article : http://www.morethanwords.fr/2013/08/le-cv-dun-blogueur-community-manager-et-concepteur-redacteur-web-denis-gentile/
Depuis la publication de cet article, il faut ajouter le blog d’Equilbrio et le groupe #jeblogue. Et donc avant d’écrire cet article, je n’avais pas la moindre idée que j’aurais fait l’un et l’autre 🙂
Morgane
7 avril 2014Et c’est ça qui est chouette quand on se lance dans de nouveaux projets ! Pour ma part, en 2 ans j’ai écrit 2 romans d’anticipation, 1 livre pour enfant et 12 planches pour une BD !!! Incredible 😉
Merci Denis
Marie Chappet
7 avril 2014Bonjour Morgane,
Très bel article. Très belle posture.
Spontanément : le plus important à mon humble avis, c’est de faire avec plaisir, honnêteté, spontanéité, avec le cœur, l’intuition… dans le partage. Bien sûr, nous avons tous une posture différente dans le domaine professionnel.
Pour terminer avec un sourire :
Est-ce si grave que tout ne soit pas parfait ? Le parfait n’est-il pas imparfait en lui-même parce qu’un brin ennuyeux pour les spontanés ou les créatifs ? Et puis, le parfait n’est pas le même pour tous… Je n’ai pas les réponses… mais ce n’est pas grave. Le principal finalement n’est-il pas de faire, d’être dans le mouvement ?
Merci de ton partage.
Bonne journée à toi Morgane.
Morgane
7 avril 2014Merci Marie, tout à fait d’accord avec toi. Réhabilitons la spontanéité !
Lorsque je prenais des cours de secourisme, mon prof disait toujours : ce qui tue les gens, ce n’est pas de prendre le risque de les sauver, c’est de les regarder sans rien faire car on a peur de mal faire… ça marque…
Cristina
7 avril 2014Bien dit! J’ajouterai que celui qui fait prend le risque du regard des autres, de leur accord / désaccord de leur jugement. Et c’est à travers ce regard que se nourrit notre reconnaissance. Maintenant tendre à la perfection n’est pas un mal tant que ça ne bloque pas notre initiative à la création!
Morgane
7 avril 2014Ah Cristina, hier soir, j’ai écrit un billet sur le fameux regard des autres… RV jeudi sur le blog pour le découvrir !
Bises
vaillant
24 juin 2014Merci beaucoup pour ce billet qui m’a donné un réel réconfort. C’est vrai que la recherche de la perfection empêche d’être soi-même et de dévoiler des trésors de créativité qui restent enfermés ou niés à trop vouloir faire plaisir aux autres par peur d’être critiqué. Attirée par l’écriture, je tarde à me lancer dans le même domaine d’activité que vous pour toutes ses raisons. C’est pourquoi votre billet est pour moi une grande bouffée d’air frais. Encore Merci d’être là et de partager et contribuer.
Morgane
24 juin 2014Je suis heureuse si j’ai pu vous apporter une bouffée d’air frais ! Merci à vous de me lire et d’être là 🙂