Raisonnable. Réfléchie. Sérieuse.
Trois adjectifs qui t’ont poursuivie pendant des années, tant d’années.
Pas de décisions sans penser à toutes les possibilités.
Pas de choix sans envisager le pire comme le meilleur.
Des calculs, des tonnes de calculs. Des chiffrages, des tableaux, des pour/contre.
Et tout au fond, bien au fond, cachée mais rebelle, une petite voix.
Non, pas une voix, car elle est aussi couleur, mot, émotion… une sorte de « toi » brut. Au naturel.
Ton intuition.
Tu en as mis des couches et des couches de réflexion sur celle que tu ne voyais pas encore comme une amie.
Ton cerveau, qui est très égocentrique, en a profité pour se développer jusqu’à prendre toute la place.
(Imaginez un peu : cette fille pense en mots. Un truc de dingue. Pas de son dans sa tête, sauf celui de sa voix. Pas de couleurs. Juste du noir et des mots.)
Voilà pourquoi elle a toujours détesté les descriptions : elle ne voit rien, pour elle ce ne sont que des mots les uns derrière les autres. Quoi de plus chiant et déstabilisant qu’une description qui n’évoque rien ?
Et ce putain de cerveau qui se glorifie de son importance. D’autant plus qu’il est chaque jour félicité, envié, valorisé. La réussite intellectuelle a ceci de fascinant qu’elle attire tout en provoquant le mépris : elle est si intelligente, mais la pauvre, elle n’a que ça.
Malgré le gonflement de monsieur cerveau, cette chère intuition ne lâche pas l’affaire. Tu ne veux pas de moi ? Très bien, je vais attendre mon heure. Je viendrai te titiller régulièrement, tu verras, à chaque fois tu regretteras de ne pas m’avoir écoutée…
Elle a une alliée de taille, cette intuition : la vie
Cette vie qui se fiche complètement de connaître ton QI et qui te fait découvrir, durement ou tendrement, que tu es bien plus qu’un nombre. Elle, qui t’apprend que ton cerveau est un petit joueur face à tes émotions. Tiens, pour faire bonne mesure, on dirait que tu serais hypersensible !
Elle qui te confronte aux situations les plus extrêmes, celles où tu n’as même pas le temps de penser avant d’agir. Tiens, pour faire bonne mesure, on dirait que tu aurais beaucoup d’empathie !
Elle qui te fait rencontrer des personnes qui t’offrent une nouvelle vision. De celles qui se réjouissent de tes capacités intellectuelles mais pour lesquelles c’est bien moins important que tout le reste : les capacités émotionnelles, relationnelles, artistiques…
Tu changes de vie peu à peu, certaines étapes sont brutales, te plongent dans le néant avant de te faire retrouver la lumière. Tu deviens mère. Tu quittes le salariat. Tu oublies tes certitudes.
Un beau matin, tu te découvres artiste. Artiste ? Artiste, putain ! Artiste intello, quand même, faut pas abuser, rigole monsieur cerveau : écrivain. La folie est réservée aux autres, peintres, cinéastes, danseurs… Ah oui, vraiment ?
Alors… un beau matin, tu décides de dire merde à ton cher cerveau.
Merde… Pas un méchant et définitif merde. Pas : j’ai plus besoin de toi, casse-toi, pauv’ con.
Merde, cerveau, allez, il est temps que tu retrouves ta place, ta vraie place. Que tu apprennes enfin à te taire quand ça n’est pas ton tour de parler. Laisse la place à l’intuition.
Et ne t’inquiète pas, elle n’est pas rancunière, elle ne t’en voudra jamais, ne te raillera pas. Elle saura toujours reconnaître tous tes atouts. Elle voudrait simplement pouvoir offrir les siens à son tour.
Cerveau accepte. Il était prêt.
Mais l’intuition n’arrive pas
Tu ne sais pas pourquoi, tu ne comprends pas, tu doutes : existe-t-elle vraiment ? Tu entreprends de la chercher avec ton arme habituelle et… inefficace : ton cerveau !
Alors… tu lâches prise. Tu n’arrives pas à retrouver ton intuition ? Et si tu la laissais te retrouver ? Elle a un meilleur sens de l’orientation que toi.
Tu vois bien que dans cette quête, ton cerveau est inutile, tu décides donc de venir à celui qui as toujours été là pour toi, plus discret mais fort et fiable : ton corps.
Ce corps qui, à travers la danse, a montré au monde que tu n’étais pas qu’un cerveau. Ce corps qui a été modifié par tes grossesses. Ce corps que tu te réappropries en y dessinant à l’encre noire et orange les symboles de ta vie. Ce corps que tu remets en mouvement. Ce corps qui a ses moments de souffrance mais qui n’est quasiment jamais malade.
C’est ton allié, tu le sais.
Alors… tu apprends à faire silence dans ta tête. C’est difficile, laborieux, frustrant. C’est vraiment sortir de ta zone de confort ! Mais tu persévères et tout à coup, tu sais. Non, tu sens : instinct.
Tu n’es peut-être pas prête à te connecter à ton intuition, mais tu peux apprivoiser ton instinct.
Panthère, hippocampe, dragon ou faucon, tu retrouves dans ton animalité cet élément indispensable à la survie qui va te permettre de sur-vivre : vivre plus, vivre mieux, avec moins, avec peu.
Il est là, il n’a pas de forme, mais peu importe, tu n’as plus besoin de l’intellectualiser pour le ressentir. Il te faire prendre les bonnes décisions, celles qui font sens avec qui tu es.
À chaque fois qu’il te « parle » en multisensoriel, tu doutes, c’est vrai. Tu as peur. Tu frémis. Et pourtant, tu y vas et le soulagement est immédiat, puissant. Tu as sauté dans le vide.
Tu continueras à douter et à avoir peur, mais tu apprends à faire plus confiance à ton instinct qu’à ton cerveau lorsqu’il passe dans ce fucking mode de pensée automatique.
En trouvant la combinaison idéale entre les deux, tu as les clés. Celles de ta vie. Ta vie de femme, d’entrepreneure, d’artiste, d’amie.
Tu comprends mieux les origines de ta folie. C’est simplement ton instinct qui faisait taire (momentanément) ton cerveau pour que tu ne l’oublies pas.
Cher instinct : merci de ne pas avoir lâché l’affaire. Je ne te lâcherai plus.
PS : pour en apprendre plus sur les mystères de l’intuition, je recommande le blog Histoire d’intuition (Isabelle Fontaine).
Julie
8 janvier 2016Une bien belle mise en mots de ce parcours pour se trouver soi…Merci du partage
Morgane
9 janvier 2016Merci à vous Julie
Djeffa
11 janvier 2016Perso mon intuition est aussi garce que moi. Elle dit souvent à mon cerveau : »tu vois, je te l’avais bien dit. Tu la ramènes moins, hein ? »
(Et sinon moi non plus j’aime pas les descriptions. Inutile de te dire qu’il y a un pan entier de la littérature française que je déteste …)
Morgane
11 janvier 2016MDR !! (itou)