J’ai commencé à écrire mon premier journal intime l’été de mes 18 ans.
C’était il y a presque 25 ans…
Je venais d’obtenir haut la main mon bac scientifique. Mes études à venir s’annonçaient brillantes.
Ma vie amoureuse était aussi plate et vide que le désert de sel d’Atacama. Mon imagination aussi fertile et bouillonnante que la forêt amazonienne…
Écrire
Écrire ma vie, mes rêves, mes colères, mes douleurs, mes joies, mes interrogations.
C’était il y a presque 25 ans et « carpe diem » était ma philosophie (elle l’est toujours, plus que jamais…). J’écrivais déjà fort bien, ma foi !
Parfois plusieurs fois par jour, parfois beaucoup moins.
Plus j’allais mal, plus j’écrivais, plus j’exorcisais.
Je me lâchais, je me censurais.
Des mots, des mots, des mots. Destinés à personne, uniquement chargés de m’aider à avancer, à pardonner, à me pardonner.
Chaque cahier, chaque carnet venait rejoindre les autres dans mon sac en cuir d’étudiante qui n’a d’ailleurs pas bougé d’un pouce.
Pendant toutes ces années, jamais je n’aurais imaginé me séparer de ces carnets, encore moins arrêter de m’y épancher. J’y tenais comme à la prunelle de mes yeux. Les rangeant (les cachant !) avec précaution, m’y plongeant de temps en temps pour revivre des événements et des émotions passées.
Changer
Puis revint l’été. Cet été.
Celui où je me suis dit : « Voudrais-tu que quelqu’un lise tes cahiers après ta mort ? ».
Celui où la réponse fut claire et précise : « non ».
Et finalement, je n’avais pas forcément envie de le relire. En les feuilletant à mon retour, j’ai bien compris que la majorité traitaient de sentiments négatifs et de mal-être. Je n’écris pas dans mon journal quand tout va bien. Je me « contente » de vivre et j’en suis contente !
Non, je ne pouvais laisser passer ces carnets à la postérité, au risque de blesser, de provoquer des questions inutiles.
Je veux garder mes secrets, mes mystères, mes zones d’ombre.
Était venu le temps de les brûler, de laisser s’envoler tous ces mots.
Comme si le fait d’écrire aujourd’hui sur mon blog, d’être devenue écrivain suffisait à satisfaire ma soif de création, ma faim d’expression.
Un blog n’est pas un journal intime, il est le miroir d’une personnalité. Il est, pour moi, un nouveau défi, tellement exaltant et exigeant !
Écrire restera toujours mon mode de communication préféré, que ce soit vers les autres ou vers moi-même ! Et si je ressens le besoin de « décharger » mes émotions par l’écriture, une feuille, un stylo et une allumette me suffiront toujours pour m’aider à retrouver la sérénité.
Je vous le conseille d’ailleurs, c’est un exercice essentiel et très efficace pour se sentir mieux sans craindre le regard des autres sur nos écrits.
Avant d’agir, j’ai feuilleté mes 6 carnets, reflets subjectifs de 23 années. Entre solitude, travail, galères, amour fou, découverte du monde du travail, douleurs familiales, joies du quotidien, bonheurs inattendus, une vie qui se déroule.
Et ces mots qui apparaissent régulièrement, inlassablement : carpe diem. Ils sont aujourd’hui gravés dans ma peau…
Ne plus écrire
Je les ai brûlés. Sans regret ni joie, sans tristesse ni doute, sans soulagement ni fierté. En toute sérénité, simplement.
Je ne tourne pas de page, je ne change rien, je continue à vivre ma vie.
Je pense aux jeunes filles (et jeunes gens) qui feront comme moi.
Je vais continuer à noircir des carnets, à bloguer, à écrire des romans, des BD, à envoyer des lettres. Continuer surtout l’écriture automatique, si puissante pour trouver de nouvelles idées, pour relancer la créativité et se débarrasser du lourd et du négatif.
Mais je ne tiendrai plus de journal intime.
Magaly H
18 septembre 2014Wouahou !!
Faire le vide pour laisser rentrer de nouvelles énergies, nouvelles idées … Laisser place à la créativité !
Tu es une créative, et tes mots sont magnifiques, vibrants, me font souvent écho (j’ai jeté – pas brûlé- mes cahiers confidents cet été), et sont en cohérence avec toi.
Continue à partager cette belle vibration, reflet de te belle personne !
🙂
Morgane
23 septembre 2014Oui, faire de la place, ça fait du bien. Je suis vraiment contente de l’avoir fait, certainement qu’ils représentaient un poids dont je n’avais pas conscience. Merci Magaly avec un y (t’es sûre ????) 😀
Sophie TRINQUAND
23 septembre 2014Bravo Morgane ! Moi aussi je les avais brûlé avant de partir à l’étranger. Je passais à autre chose et avec d’autres personnes …il y a longtemps 🙂
Morgane
23 septembre 2014Merci Sophie, de belles étapes, intenses et essentielles…
Morgane
23 septembre 2014Ah oui Anne-Claire, le blog je continue ! Tant que ça me plaît et que ça apporte au moins à une personne, je continue. Bisous
Morgane
23 septembre 2014Merci Xavier pour ce témoignage. Je m’en vais découvrir ton site…
Gonthier
13 septembre 2020Bonjour, je m’apprête à le faire après 41 ans…
Je déménage dans le sud avec les miens, on va changer de VIE 🙂 Un nouveau souffle, un autre chapitre 🙂 Alors, autant se décharger, c’est le moment.
Et comme toi, je n’aurais pas eu envie qu’on les lise et pour les mêmes raisons que toi
Merci pour ton partage
Piret
20 janvier 2022Bonjour je suis actuellement entrain de relire ce que j ai écris pendant tant d’années moi j écrivais sur du papier de classeurs d’école mais m aperçois que j ai beaucoup écrit mes mauvaises journée passer avec la personne que j ai vraiment aimer et là je passe une mauvaise passe je suis perdu je sais plus quoi faire de ma vie j’ai plus que tout besoin de conseil svp merci
Christel
24 juillet 2022Je cherchais justement une confirmation que brûler mes anciens carnets seraient une bonne chose. Aujourd’hui, j’écris dans mon iPad, dans le programme moleskine et cela me convient car personne n’y a accès. Parfois l’écriture papier me manque mais je n’ai aucune envie que mes enfants ou mon mari tombe dessus malgré qu’aujourd’hui, ce que j’y mets est franchement moins hard qu’avant. Merci pour ton ressenti sur le sujet !
Morgane
2 août 2022Avec plaisir Christel ^^