Le vague à l’âme

Aujourd’hui, il fait chaud, mais alors vraiment très chaud. Presque 40°C à l’ombre. Du style à transpirer même sans bouger.

Le soleil est brûlant, l’air encore plus, si c’est possible.

Chacun rêve d’eau, de glace, de froid, de mer, de piscine, de pluie…
Et toi.
Toi, tu as du vague à l’âme. A l’intérieur, c’est le mois de novembre, si gris, si brumeux, si frissonnant.
Je voudrais t’aider, je ne sais pas quoi faire. Comment te faire oublier ce blues qui te remplit ?
Regarde… la vie est belle, non ?

Tu es sur la vague, ne te laisse pas emporter, mais laisse-toi porter, pour ne pas couler.
Regarde… nous sommes là, non ?

Tu cherches l’étincelle, celle qui te fera oublier tes pensées grises. Tu rêves d’orange, de rouge, de fuchsia mais ne te souviens pas de leur couleur.
Écoute… tu n’es pas seul, non, vraiment pas.

Aujourd’hui, la canicule a pris possession de la ville, l’enfer sur Terre.
Chacun rêve d’après, a oublié le pincement du vent glacial de l’hiver. Les gestes ralentissent jusqu’à disparaître totalement.

Et toi.
Toi, tu penses à elle. Elle, qui ne pense pas à toi. Tu sais, tu ne rêves pas, l’histoire n’existe pas. Ou alors, dans une autre réalité. Tu voudrais ne l’avoir jamais rencontrée. Tu détesterais ne l’avoir jamais rencontrée. Tu as dépassé l’obsession, ne reste plus que le goût amer de l’inachevé, d’un rendez-vous manqué.
Ton âme rêvait de trouver sa sœur, et ce vide jamais comblé a laissé place à la grisaille.

Sous le soleil, dans la chaleur abominable, les pensées se font matérielles et pratiques. Se rafraîchir, à tout prix. La météo prend toute la place, les jours s’égrènent à l’identique, désespérément.

Et toi.
Toi, tu n’es pas désespéré, juste un peu triste, un peu absent. Oui, c’est ça, pas vraiment là.
Tu sais. Que le temps fera son travail.
Que tu n’oublieras pas, mais que tu vivras avec.
Le souvenir sera-t-il doux ou cuisant ? Tu ne sais pas encore.

Tu sais. Qu’aimer sans être aimé est dévastateur. Mais que cela prouve que tu es vivant.
Que tomber amoureux rend fou. Et prouve que tu es vivant.
Que l’amour peut durer même s’il n’est pas partagé. Tant que tu es vivant.
Un nouvel amour prendra-t-il sa place ? Tu ne sais pas encore.

Le vent du Sahara assèche la ville, assoiffe les habitants. Tout devient lourd, si lourd et pourtant le sommeil se fait si compliqué.

Et toi.
Toi, tu ne veux plus rêver, mais ton cerveau n’en a cure. Tu ne veux plus espérer, mais ton cœur n’en a cure. Tu ne veux plus souffrir, mais ton corps n’en a cure.

Tu regrettes. Tu regrettes ces moments si intenses où tout en toi se mettait à vivre plus fort, lorsque, brusquement, tu l’apercevais. Cet état où plus rien ne compte, plus rien n’a d’importance. Où chaque geste, chaque pensée n’était que pour elle. Où tout semble vain sauf si elle est là…
Tu es nostalgique, nostalgique d’une réalité faite d’illusions.

Tout brûle. Les esprits comme les forêts. Les neurones comme les rivières. Les cœurs comme les âmes. Un jour, l’été sera fini. Alors, on oubliera, on passera à autre chose. On se remettra à râler parce qu’il fait trop froid.

Et toi.
Toi, tu ne regrettes pas, finalement.

Tu n’as pas eu le meilleur. Mais tu n’as pas eu le pire non plus.
Tu as plus vécu que bien d’autres. Tu as osé, tu t’es mis en danger. Tu as joué, tu n’as pas vraiment perdu même si tu n’as pas gagné. Pas encore.

La vague de chaleur n’en finit pas. Aura-t-elle jamais un point final ? Il est permis d’en douter, et pourtant, si… La pluie reviendra, le froid refera surface…

Et toi.
Toi, tu sens que ton vague l’âme chaque jour s’atténue. Chaque jour se transforme en sourire. Tu retrouves l’insouciance. Tu te remets à regarder les femmes, à les trouver belles, intéressantes, drôles. Tu as envie de séduire à nouveau. Pas trop vite, mais quand même.

Tu vis. Tu surfes sur ta vague. Libre.

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