Vendre.
Horrible mot, n’est-il pas ?
Allez savoir pourquoi, quand je lis « vendre », les associations qui me viennent sont plutôt négatives : vendre de la drogue, des êtres humains… Vendre du rêve, son âme au diable…
Alors, avec ça, pas facile d’aller vendre à mon tour
Dans ma vie salariée, la vente était une douleur. Comment vendre quelque chose auquel on ne croit pas ? Comment vendre quelque chose à quelqu’un qui n’en a pas besoin ?
Formations commerciales agressives… Injonctions à l’utilisation du téléphone, que je déteste… Sacralisation du « Commercial » qui, lui, ramène de l’argent (sous-entendu contrairement à toi pauvre profiteuse qui ne fait que le dépenser avec ton salaire dispendieux)… Objectifs, sur-objectifs, « Vous pouvez encore mieux faire, on compte sur vous »…
J’ai fini par haïr la vente.
J’ai décidé que j’étais incapable de vendre et j’en étais fière, puisque j’avais intégré que la vente était négative.
J’étais mal partie pour développer mon business…
Lorsque j’ai créé Mo’ pour mots, je n’avais pas de pression financière. J’étais encore salariée, j’avais du temps. Et pourtant, j’avais toujours aussi peur de vendre.
Comme beaucoup, peur d’être « trop chère pour ce que c’est », peur de déplaire, peur de paraître « trop », peur de « elle se prend pour qui celle-là avec ses tarifs de stars (même si les-dits tarifs sont dramatiquement bas… », peur, peur, peur…
Problème de valeur.
::: Confondre vendre et se vendre
::: Confondre amener à acheter avec arnaquer
::: Confondre refourguer l’inutile avec répondre à un besoin
Le bagage est lourd à porter, il faudra du temps pour s’en débarrasser.
Alors… pour apprendre à vendre, j’ai décidé de changer de point de vue.
J’ai décidé de me voir acheteuse
Je travaille avec de nombreux partenaires : photographes, webdesigner, graphistes, formateurs… J’achète leurs prestations. Je fais mes courses. J’achète des livres, des chocolats, des fringues… Je vais au resto, visiter des musées, écouter des concerts… J’achète et « on » me vend.
L’expérience est-elle désagréable ? Non.
Quand je choisis ce que je vais acheter, avec qui je vais travailler, le prix est-il le seul critère ? Non. Il n’est même pas le plus important.
Qu’est-ce qui compte alors ? La valeur et la rencontre.
Quelle valeur ce que j’achète a-t-il pour moi ? Qu’est-ce que ça va m’apporter ?
La personne avec laquelle je vais travailler, je sais, je sens qu’elle va m’apporter plus qu’un objet, plus qu’un service.
Alors, au lieu de vendre si j’offrais à acheter ? Dis comme ça, ça paraît facile, n’est-ce pas ?
C’est à ce moment-là que reviennent tous les freins, toutes les peurs…
Si j’augmente mes tarifs, je n’aurai plus de clients !
Il faut bien que je vive !
C’est bien gentil ton histoire de valeur, mais la réalité du business c’est pas ça : faut vendre à tout prix !
Eh ouais, ça paraît facile, ça paraît magique : en vrai c’est difficile et pas magique du tout.
Décider que l’on a le droit de vendre, de vendre au bon prix, de valoriser son travail, son talent, son expérience, c’est un putain de saut dans le vide.
Le faire, ça donne des putains de sueurs froides, ça fait douter, ça fait flipper grave sa race.
Finalement, si je continue à vendre pour « pas cher », j’ai le beau rôle (que je crois), je suis soulagée, je ne prends pas de risque.
Mais je suis mal en fait (toi aussi, tu es mal, avoue) : je me dévalorise, je gâche mon énergie et mon temps.
Si je vends beaucoup (et pas cher), c’est mon temps, mon énergie et mon estime de moi qui en souffrent, sans parler de la créativité. Je finis par en vouloir à tout le monde. Et à moi-même.
Si je vends peu (malgré mes tarifs très bas)… je ne vous fais pas un dessin…
Si je vends à bas prix, je dévalorise toute ma profession, je dévalorise mes clients puisque ce qu’ils achètent ne vaut pas grand-chose. Je dévalorise mon business, je finis par ne plus avoir de business.
(De toute façon, dis-toi bien une chose, tu seras toujours trop cher pour les personnes qui n’ont pas besoin de toi. Pour les autres, tu seras au bon prix. Et s’ils veulent bosser avec toi, ne t’inquiète pas, ils trouveront les moyens de le faire.)
On a souvent tendance à sous-évaluer sa propre valeur, son propre talent, ses propres compétences.
On a toujours l’impression de ne pas en savoir plus que les autres, de ne pas être plus capable que les autres.
C’est faux !
:::On dit souvent que l’on attire les clients que l’on mérite.
::: On dit qu’augmenter ses tarifs jusqu’au niveau que l’on pense juste, c’est perdre une clientèle pour en trouver une nouvelle.
::: On dit que le juste prix ne se discute pas, ne se négocie pas, il est évident.
::: On dit que pour bien vendre il faut savoir acheter.
::: On dit que pour savoir vendre, il faut savoir se mettre vraiment à la place de son client.
Je crois que c’est vrai.
Et que c’est un boulot de chaque jour (et de malade) pour l’appliquer.
Chaque jour, je doute
À chaque devis, je doute. À chaque fois que je donne mon tarif, je doute. Je lutte contre moi-même pour ne pas baisser, ne pas offrir, ne pas donner.
À chaque fois que je « tiens », je suis fière et contente. À chaque fois, je sais que j’ai raison de croire en moi, en mon talent, en ma valeur. À chaque fois, je sais que le client qui me trouve trop chère n’est pas un client pour moi.
Un acte de vendre, c’est aussi un acte d’achat, c’est un échange.
Vendre, ça n’est pas prendre (de l’argent). Acheter, ça n’est pas perdre (de l’argent). C’est échanger de l’argent (et plus) contre un service (et plus).
Savoir vendre, ça s’apprend. Je ne te parle pas techniques de ventes, plutôt état d’esprit, posture d’entrepreneur.e.
Savoir vendre, ce n’est pas mettre le pied dans la porte pour forcer le prospect. Ce n’est pas non plus attendre que tout se fasse tout seul.
Savoir vendre, c’est créer toutes les conditions de la vente, à travers sa communication (quels que soient les canaux que l’on utilise), à travers la façon dont on travaille avec ses clients.
Savoir vendre, c’est aimer vendre. Pas pour l’argent que l’on en retire, mais parce qu’on va « sauver » quelqu’un.
Achète mon livre et tu auras de l’évasion, du rire, de l’émotion.
Achète un accompagnement avec moi et tu apprendras à communiquer qui tu es, comme tu es.
Alors voilà : après plus de 5 ans de business. Après des rencontres, tant de rencontres. Après des heures à réfléchir, à créer, à inventer. Après avoir essayé plein de choses, des échecs cuisants, des réussites inattendues…
Je ne suis toujours pas une pro de la vente.
Oui, c’est toujours difficile pour moi de vendre
Oui, j’admire (et j’envie secrètement) celles et ceux qui semblent le faire si naturellement, si facilement.
Oui, j’ai envie de gagner de l’argent avec mon business, parce que c’est le principe, merde.
Oui, je revendique que l’on peut faire de sa passion un business.
Oui, je m’améliore chaque jour. Je vends mieux, à tous points de vue.
Oui, j’en suis heureuse.
Oui, j’ose croire que je pourrai un jour tirer un revenu de mes œuvres. Car je mets tout en œuvre pour.
Oui, il existe, ce jour où je ne penserai plus à la vente car elle me sera devenue parfaitement naturelle.
Vendre. Ce n’est pas si moche comme mot, finalement.
Alors, je te vends mes rêves pour que, toi aussi, tu puisses réaliser les tiens.
Li 'terre'happy
14 juin 2016Je ne ma lasse jamais de passer faire un brin de lecture par ici, c’est un peu comme une bonne bouffffffée d’oxygène, de vérité, un paire de bottines au cul,… bref je kifffff grôôôave m’dame !
Gros bisous
La dingue de par là-bas…
Morgane
20 juin 2016Merci chère dingue, c’est un plaisir que de te botter le cul AH AH AH
Cécile JS1S2MB
14 juin 2016Hello Morgane,
Malgré ce que tu dis : tu as pas mal cheminé dans ta perception de la vente donc ta posture de vendeur !
Evidemment, nous avons évolué chacune depuis ces 2 jours consacrées à la vente passées ensemble mais le fond est toujours là et comme depuis tu progresses d’abord vers ton rayonnement, ces principes de vente sont au service de ton épanouissement commercial 😉
Merci pour cette mise en mots et émotions
A bientôt
Laure
15 juin 2016Super article, je vais le garder de côté pour le faire lire ! Je me reconnais bien, c’était compliqué pour moi de vendre et avec les mêmes connotations que toi !
Mais ces derniers temps depuis que je vends quelque chose qui me parle à fond et auquel je crois totalement ça va beaucoup mieux (même si parfois ce n’est pas simple quand même…).
Vendre quelque chose auquel je ne crois pas et que je ne connais pas, je pense que je ne saurais jamais faire 🙂
Annajo Janisz
17 juin 2016« Alors, au lieu de vendre si j’offrais à acheter ? »
Brillant. Ton article vient de m’éblouir en beauté. MERCI.
J’ai tellement de blocages par rapport à la vente de mes ebooks. MERCI de m’avoir fait réaliser un bon paquet de trucs et d’avoir réorienté ma perception de la chose.
Grâce à toi, j’ai vraiment compris.
Morgane
20 juin 2016Merci et heureuse d’avoir semé une jolie graine chez toi !
Morgane
20 juin 2016Hello Cécile, oui c’est certain ! Sinon je ne serais pas ici à en parler je crois… Je relis souvent les notes prises lors de cette formation qui a marqué un tournant (et je rêve encore du kouign amman…)
Morgane
20 juin 2016C’est fou, hein ? C’est pour ça faut faire QUE ce qu’on aime ^^
Marie
21 juin 2016Merci Morgane !
Qu’est-ce que ça fait du bien ! Nous ne sommes pas seules ! You ouhhh !!!
Quel chemin ! Quel combat !
Et tout ça c’est une lutte de soi avec soi, se défaire de croyances qui sont ancrées en nous. Je te comprends à 2000% !!!
Récemment, en créant ma 2eme entreprise, c’est reparti de plus belle !!! Cette fois-ci je me suis faite accompagnée et je m’entends encore dire : « mais je peux pas vendre ça, c’est trop simple, c’est facile. » Et ma conseillère de me regarder avec des yeux tout ronds : « mais vous êtes au courant que les 3/4 des gens ne font pas ce que vous faites ??? » – euh … Ah bon ?
Il y a cette histoire de Talents naturels aussi, difficile de donner une valeur à quelquechose qui nous anime au quotidien … Et pourtant … Comme tu dis, quand on s’achète à manger, des fringues, ou autre chose encore, on ne se pose pas tant de questions.
Bref, merci pour cet article plein de sens et au plaisir 🙂
Morgane
21 juin 2016Eh oui, éternelle question du syndrome de l’imposteur ! D’ailleurs je vais pondre un truc là-dessus, c’est trop important 🙂 Merci Marie et bienvenue chez Mo’ 😉
Patricia Voisin-Aujoux
21 juin 2016Rien à redire Morgane, je suis complètement dedans. Je découvre le monde de l’argent et j’avoue que personne ne m’y mords.
J’ai l’impression d’être Alice au pays du vermeil. J’avance à tâtons, je me pose, j’inspire, je respire et j’expire.
J’écoute, je ressens et j’applique.
Je m’en faisais toute une histoire de ce monde mais finalement il est comme les autres. Fallait juste que je passe le cap du paillasson et que j’arrête de lui claquer la tête quand il venait me titiller.
C’est un gars bien Mr l’argent, il m’agresse de moins en moins parce que je l’agresse de moins en moins et hier il m’a remercié en me faisant un beau cadeau, celui d’appliquer un tarif sur un accompagnement que jusqu’ici je me serais interdite.
Bon…. j’y retourne…. lui et moi on a encore des trucs à se dire.
Bonne journée à toutes 🙂
Morgane
21 juin 2016Rien à ajouter Patricia, nickel 😀
Mathias
31 janvier 2017Merci d’avoir tendu ce miroir dans lequel je me reconnais.
Morgane
1 février 2017Avec plaisir Mathias