J’ai toujours eu un problème avec l’hypocrisie et la fausse franchise.
Les deux, oui.
L’hypocrisie sociale, celle des conventions, des ça ne se fait pas, ne se dit pas.
Celle qui fait que l’on se censure, qu’on laisse l’autre prendre le pouvoir de la parole et l’exercer.
Une hypocrisie maquillée sous de la bienveillance, surtout ne pas dire une chose qui fâche, qui heurte, qui fasse du mal. Donc, ne rien dire car TOUT peut fâcher, heurter, faire mal.
L’hypocrisie policée, qui mène à la tiédeur, la parole tellement répétée qu’elle perd tout son sens.
La lâcheté cachée sous la douceur.
La fausse franchise ne trouve pas plus grâce à mes yeux.
Celle qui semble autoriser à déverser méchancetés, jugements et autre fiel.
Celle dans laquelle on se drape pour donner son avis quand personne ne l’a demandé.
Celle qui permet de se placer dans le camp des gens « qui disent toujours la vérité ».
J’ai toujours été étonnée de voir que c’était celles et ceux qui se déclaraient adeptes de la franchise, qui étaient les plus promptes à ragoter dans le dos et passer de la pommade en face.
Fausse franchise et hypocrisie, deux faces de la même chose : l’irresponsabilité.
C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui, mais très longtemps j’ai été tellement timide que je causais très peu.
Je n’ai jamais vraiment eu les clés des relations sociales « parlées », en disant trop ou pas assez, ne sachant m’adapter aux circonstances.
Souvent, je préférais me taire, puis, soudain, j’exprimais tout haut et de manière assez incisive (pour ne pas dire brutale) ce qui ne demandait qu’à sortir.
Et je regrettais. Sans regretter non plus.
Bref, c’était relou pour moi et chiant pour ma carrière qui en a pris un sale coup :).
Mais une chose est sûre, je me suis toujours sentie responsable de ce qui sortait de mon esprit.
Depuis, j’ai compris que mes écrits reflétaient de manière bien plus fiable que mes paroles ce que je voulais exprimer. Cela n’empêche pas de dire ce que je pense, si on me le demande.
Il y a une situation sociale qui me laisse encore et toujours perplexe.
Les fausses questions.
Et, plus encore, les fausses réponses
C’est quelque chose que je (me) répète souvent : si tu poses une question, sois prête à entendre une réponse « vraie ». Sincère.
Si tu poses une question, sois prêt·e à en baver, à être remise en cause, à être en colère, triste, choqué·e, étonné·e, enthousiasmé·e, à ne pas savoir ce que l’on va te répondre.
Si tu poses une question, laisse tes attentes et tes certitudes à la porte.
Je me répète souvent ce mantra, car j’ai tendance à poser des questions dont j’ai déjà, si ce n’est la réponse, au moins une réponse. Et je vois bien que, parfois, j’ai juste envie d’exercer mon esprit de contradiction. Dans ces circonstances, franchement, c’est pas vraiment intéressant.
Alors je me challenge moi-même, je me rends apte à accueillir le différent, l’inattendu, le qui fait pas plaisir mais qui est juste.
Je me challenge en tant que poseuse de questions et en tant que répondeuse.
Je déteste qu’on me demande mon avis simplement pour conforter le sien, pour le détruire ou pour ne pas l’écouter. Dans ce cas, le mieux c’est d’économiser le temps et l’énergie de tout le monde.
Je déteste qu’on me demande mon avis en se vexant s’il n’est pas conforme.
Je déteste qu’on me demande si j’ai aimé en me faisant bien comprendre que si ce n’est pas le cas, je suis méchante et désagréable.
Arrête de me demander si j’ai aimé
Arrête de demander aux gens s’ils ont aimé ! On s’en fout de savoir si les gens aiment, on le fait pour soi et le reste suivra. Ou pas, mais on s’en fout, vraiment.
Et puis, en vrai, les gens quand ils aiment, ils le disent. Spontanément et bien plus sincèrement que si on leur pose la question.
Mais le plus étonnant pour moi, encore aujourd’hui (pourtant, je devrais avoir l’habitude), c’est le transfert de responsabilité.
Une personne émet contre elle-même des paroles négatives et elle attend (consciemment ou pas) un réconfort de l’extérieur.
- Han, je suis trop moche/nulle/grosse/malade/pauvre/stressé… (toi-même tu sais)
- Mais naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaannnnnnnn
Et moi, je suis du genre, au mieux à ne rien dire en soupirant, au pire à répondre : « ben ouais ».
Parce que ça m’insupporte !
Pourquoi l’autre devrait-il prendre la responsabilité de ce que tu ressens ?!? Pourquoi ?
Si tu me dis que tu as peur, je te répondrai « Tremble » et ça ne t’empêchera pas de créer.
Si tu me dis que tu ne t’aimes pas, je te répondrai « Apprends» et ça ne t’empêchera pas d’évoluer.
Si tu me dis que tu n’y arrives pas, je te répondrai « Persévère » et ça ne t’empêchera pas d’avancer.
Si tu me poses ta question,
je te donnerai ma réponse.
Sois prêt·e à l’entendre ou garde le silence.
Dédicace à Sabrina, pour l’inspiration.
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