Imaginez.
Vous voilà seul(e) sur scène.
La musique commence, 10 000 paires d’yeux braquées sur vous.
Mais que fais-je là, je ne suis plus une danseuse, moi ! Et puis ce morceau, je ne le connais pas !
Pourtant, il faut se lancer, ils attendent, ils sont venus pour moi.
Battements de cœur, instant suspendu.
La musique envahit mon corps, débranche mon cerveau. Mes muscles prennent le pouvoir.
C’est parti… totale impro…
L’improvisation a souvent mauvaise presse.
Car on la confond avec le manque de préparation, voire avec la fumisterie. Tout faux.
Il n’y a rien de mieux préparé qu’une improvisation digne de ce nom.
::: L’impro c’est un subtil mélange de talent et de technique maîtrisée.
::: L’impro, ce sont les mots, les sons, les idées qui se répondent. C’est un jeu, un sport, c’est le summum du lâcher-prise…
Savoir improviser, c’est avant tout savoir écouter. C’est aussi accepter d’apprendre, apprendre, apprendre, encore et encore. Faire, faire et refaire.
::: L’impro, c’est l’imperfection qui confine à la perfection.
::: L’impro c’est la pleine conscience totale, le passé n’est plus, ne pas penser au futur, se lancer dans le torrent, voilà tout…
C’est magique ! Ce sont des émotions d’une intensité inégalable.
Ce match de théâtre d’impro où l’on passe du rire aux larmes. Où les spectateurs regardent les acteurs, émerveillés, en se disant : « Quel talent ! Je ne pourrais pas, moi… »
Ce concert où l’artiste est avec nous, rien qu’avec nous, où il nous offre un moment unique, inégalable.
Cette communion entre les musiciens, les regards, les sourires, les corps.
Se comprendre sans se parler, sans avoir à expliquer plutôt.
Lâche tout. Ne pense plus à tes cours, à tout ce que tu as appris, ton corps sait…
Oui, mais quand on est entrepreneur, on n’improvise pas !
Ah oui ?
Connaissez-vous la malédiction de la technique ? Si un jour vous avez une présentation à assurer, une conférence à mener ou une crise à gérer, je vous conseille d’être prêt à improviser ! C’est toujours dans ces moments-là qu’elle vous lâche, la technique…
Improviser, c’est la capacité à aller chercher en soi d’autres solutions, d’autres façons de faire, pour ne pas subir, pour avancer.
Parfois (souvent), les autres n’y voient que du feu. C’est plus vrai, plus humain, plus authentique qu’une préparation au cordeau.
Quoique… Improviser, ça se prépare aussi. Oui mais comment ?
Prenons un exemple : le théâtre d’improvisation
… Quelques techniques à apprendre, certes.
… Puis se lancer, s’exercer.
… Baptême du feu.
… Aiguiser son sens de l’observation. SES sens devrais-je écrire : écouter, regarder, ressentir…
Jouer, se faire plaisir, faire de expériences.
Profiter de la vie de tous les jours pour nourrir et muscler son imagination.
Ne pas réfléchir, faire des bêtises, plein de bêtises !
Pour écrire, c’est pareil. Lorsque je dédicace mon livre, on me demande si j’écris la même chose à chaque fois. Non, bien entendu, chaque dédicace est unique et personnalisée. Quelques secondes pour trouver les mots adéquats. Improviser en utilisant mon talent, ma technique, ma créativité, ce que je sais, je connais de la personne en face de moi. Parfois, je suis un peu à côté, et alors ? Mieux vaut ça qu’une page blanche, non ?
Si vous ne vous en sentez pas capable, si vous n’osez pas, rien n’est perdu. Voyons ça ensemble, je suis certaine que vous y arriverez. Tout est là, en vous.
Car ce dont on a besoin pour improviser, c’est… :
::: Se concentrer & écouter
::: De l’énergie et de la générosité
::: Du plaisir & de la vie
::: De la confiance, en soi, en les autres
::: Etre soi. Totalement. Libre aussi.
C’est à la fois tellement difficile et si naturel. Aussi compliqué et épanouissant que de sortir de sa propre carapace.
Jour après jour, se sentir plus fort et plus léger. Se sentir prêt. Éloigner les peurs.
Savoir improviser, c’est savoir vivre, car la vie, c’est vraiment totale impro…
borie
22 octobre 2014Oui, c’est souvent dans l’impro qu’on montre le meilleur de soi-même, à condition d’avoir travaillé une technique auparavant, juste pour avoir la confiance en soi nécessaire. Dans un tout autre domaine, quand j’étais instit, je préparais soigneusement la plupart de mes cours, et quelquefois, malgré ça, ça ramait, les gosses ne participaient pas, c’était laborieux et…chiant pour eux et moi ! Et puis parfois, j’arrivais sans aucun projet (flemme ou cas de force majeure, peu importe) et je me lançais dans une impro et c’était magique, tout fonctionnait, les gosses jouaient le jeu à fond et on se régalait… Idem pour l’écriture : les meilleurs de mes textes sont sans doute ceux que je n’ai pas planifiés, qui jaillissent d’une émotion, d’une vision fugace… Mais c’est sûr que si je devais improviser avec une guitare ou un ciseau de sculpteur, ce serait beaucoup moins bon ! 🙂
Morgane
29 octobre 2014Coucou jumelle, c’est sûr ça serait moins bon, et alors, ce n’est pas bien grave ! En tout cas, je te rejoins, nos textes improvisés ne sont pas mal du tout !
Patricia
3 novembre 2014Jolie approche de l’impro, Morgane.
Perso, je ne travaille que comme çà du fait d’être une rebelle et que les trucs cadrés m’insupportent.
J’aime bien partir d’un thème et le voir se décliner au fur et à mesure des questions pour créer cette ambiance de partage et de confidences où chacun repart avec ce qu’il est venu chercher.
De toute façon, à chaque fois que j’ai essayé de préparer quelque chose, je ne me sentais pas naturelle.
Donc, retour à l’impro, une fois franchi le cap des 10000 paires d’yeux 🙂
Morgane
6 novembre 2014Merci Patricia, continue à improviser, ça te va bien !