J’en ai marre. Mais alors marre de marre.
Marre qu’on me dise qu’une fille ça fait ça, ça dit ça, ça pense ça. Qu’un garçon c’est comme ci et sinon, c’est pas un garçon. Marre que tout soit vu avec le petit bout de la lorgnette, lisse et sans nuances.
J’en ai marre qu’on me dise d’aller dans ma case, parce que ma case, elle n’existe pas. C’est trop petit, une case, moi je veux voir grand, loin, haut, illimité.
Quand j’étais petite, mes parents ne me disaient jamais d’aller dans ma chambre. De toute façon, j’y étais déjà, dans ma chambre, à lire tout ce qui me passait sous la main. De cet éclectisme extrême (j’ai lu des choses qui feraient rougir ma maman..), j’ai gardé le goût de l’inattendu, du différent, du décalage entre image et réalité. J’ai construit mon expérience aussi, à travers les livres.
J’en ai marre des prétendus experts, de ceux qui « savent ». Ceux qui d’un mot ou d’un jugement se permettent de mettre à mal une envie, un projet, un espoir. Il s’en fichent, eux. Ils passent leur chemin et trouvent de nouvelles personnes à ranger dans des cases qui les étouffent.
J’en ai marre des QCM où une seule réponse est possible. Même en physique, ça ne fonctionne plus, alors dans la vie, comment cela se pourrait-il ?! Tout est quantique, donc rien ne l’est…
Marre d’être soi-disant trop jeune, trop vieille, trop petite, trop intelligente (ah non, ça j’en ai jamais marre hi hi). Pas assez fille, trop indépendante… J’en ai déjà parlé, lorsqu’avec Céline Boura nous avons écrit sur le même thème : Soyons là où on ne nous attend pas. Comme si on n’avait pas assez de ses propres barrières pour en plus se coltiner celles des autres !
J’en ai marre qu’on dise aux entrepreneurs que pour être « vrais » ils doivent rentrer dans telle ou telle case.
Parce que justement être un.e entrepreneur.e, c’est ne pas rentrer dans les cases !
Ou alors dans celles qu’on veut, quand on veut, le temps qu’on veut. D’en sortir, d’y rerentrer. Bref, de faire CE QU’ON VEUT. Merde.
J’en ai marre qu’on se permette de me dire « ce que je dois au monde ». De discuter mes choix, d’argumenter pour me démontrer que j’ai tout faux, d’essayer d’avoir le dernier mot quoi qu’il advienne. Dernièrement, une personne (que je ne connais absolument pas !) a voulu me démontrer violemment pourquoi je DEVAIS absolument faire en sorte qu’elle devienne ma cliente, alors que je ne le sentais pas. Sorry, girl, je ne dois au monde que de vivre ma vie comme je l’entends. Point barre. Et si j’ai besoin d’un conseil, t’inquiète, je sais à qui demander (pas à toi).
Pour le dernier mot, j’ai appris à lâcher prise, un vrai boulot. J’ai toujours aimé l’avoir jusqu’au moment où je me suis rendu compte que c’était une guerre inutile. Sans vainqueur si ce n’est la rancoeur, voire l’humiliation. Le dernier mot, je te le laisse, à toi qui m’agresses.
J’en ai marre qu’on nous demande de choisir, éternelle litanie du scientifique vs littéraire, intello vs manuel, créatif vs carré, artiste vs entrepreneur, spirituel vs rationnel…
Allez, on dirait qu’on prendrait tout, qu’on serait tout et qu’on emmerderait ceux que ça emmerde, justement.
On pardonne tout à l’artiste, sauf de vouloir gagner de l’argent.
On pardonne tout à l’entrepreneur, sauf de ne pas vouloir gagner de l’argent.
Ben, on a qu’à être entrepreneurs-artistes, comme ça on pourra faire tout ce qu’on voudra, D’ABORD !
Puis, je me suis dit : marre d’en avoir marre. Laisse-les dire, penser ce qu’ils veulent. Lâche-prise. Je lâche-prise beaucoup et souvent en ce moment. Les premières fois, c’est hard, mais le pli vient vite et wouaouuuuuuu, quel bonheur…
J’apprends à laisser la négativité, les râleries inutiles, les critiques sans objet glisser sur moi comme sur les plumes d’un canard…
Je suis une cane. Je reste dans mon coin, je lisse mes plumes, je m’envole vers d’autres horizons si besoin. Je m’occupe de mes canetons. Parfois, je suis une vilaine petite cane, mais je sais bien que les médisants rongeront leur frein lorsque la cygne en moi se révélera. Et même si je reste vilaine, ça ira bien !
J’en ai marre, mais ça ne dure plus. Je laisse à chacun.e ses pensées, ses émotions, ses jalouseries. Si tu as besoin de moi, fais-moi signe. Si tu as juste besoin d’une poubelle, parle dans un miroir, tu comprendras ce que cela fait d’être agressé.e verbalement…
Je n’en ai plus marre, puissante catharsis de l’écriture (essaye, tu verras) et du bloguing.
Gaelle
6 décembre 2017Juste merci je lis ma vie … et vos mots sont ceux que j’avais besoin de lire aujourd’hui.
Morgane
6 décembre 2017Merci à vous Gaëlle, tant mieux si j’ai touché juste 🙂
Annick
7 décembre 2017« Parce que justement être un.e entrepreneur.e, c’est ne pas rentrer dans les cases ! » Bravo Morgane, j’adore et j’adhère !!! 🙂
Morgane
7 décembre 2017Merci Annick 🙂
Naïma ALEXANDRE
21 mars 2018Ah les cases, c’est sure c’est confortable, c’est rapide c’est simple oui mais pour qui? Surement pas pour celle ou celui qui s’y trouve à l’intérieur. Merci pour cet article qui me parle, tu as lu en moi comme dans un livre ouvert. Surement ton pouvoir de sorcière;)
Morgane
23 mars 2018AH ah, merci Naïma. Vive les cases… quand on en sort !!^^